samedi 6 février 2010

Naturalisation d'une famille Kosovare, fierté collective et personnelle

Une cérémonie de remise de decrets de naturalisation en préfecture à des administrés qui me sont chers. Je ne pensais pas vivre un tel moment émouvant lorsque, comme simple parent d'élève appelé en renfort pour connaître de la situation juridique de la famille Segaqi échouée à Ecommoy en 2004, j'avais découvert toutes les difficultés du droit des étrangers sur notre sol.
Nadir et Gani étaient demandeurs d'asile politique, ayant fui le Kosovo, d'abord dans les années 90 vers l'Allemagne, qui a fini par les expulser en 2002, puis vers la France. Ils n'étaient restés au Kosovo que quelques mois après leur expulsion. Famille décimée par des assassinats politiques ou dispersée aux quatres coins de l'Europe, maison détruite, avec deux tout jeunes enfants, ils trouvaient du réconfort et de l'assistance auprès des soldats français de Mitrovica, mais ni travail ni espoir de se réinsérer dans une société hantée par les réglements de compte envers ceux qui n'étaient pas restés au pays.
Comme les enseignants de l'école maternelle Saint-Exupéry et les parents, je ne pouvais que prendre leur défense, malgré leur situation irrégulière, lorsque nous apprîmes que la France rejetait leur demande d'asile, alors que les frères et soeurs de Nadir et Gani ont tous obtenu ce statut en France et en Europe. En 2004, ils vivaient à 5 dans une petit chambre d'hôtel. La discrète mobilisation des écomméens a abouti à ce que Gani soit embauché à la Belipa, et à ce que la mairie les installe dans un logement communal. L'idée était d'obtenir de la préfecture un titre de séjour "vie familiale vie privée", et c'est ce qui s'est produit, grâce à la rapide intégration de la famille dans la vie active locale. Mais Nadir et Gani voulaient devenir français à part entière. Nous avons monté ensemble leur dossier de demande et attesté leur intégration. S'agissant d'amis personnels, ce n'était pas difficile de se porter garant. Le choix de franciser les prénoms et noms a sans doute pesé aussi, car Gani et Nadir Segaqi sont devenus Albin et Nadine SEGACHE. Si vous n'aimez pas ce patronyme, c'est moi qu'il faut moquer. Je n'aurais pas pu me faire à l'idée qu'ils deviennent DURAND ou DUPONT, tant leur histoire très particulière ne méritait pas d'être totalement oubliée (Voir Maine Libre du 5 février 2010).

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