lundi 12 avril 2010

Offre de soins: la pénurie ne sera pas endiguable, il faut organiser les réseaux

On le sait à présent, il n'y aura pas d'obligation d'installation imposée dans les zones déficitaires.
Ce débat a eu lieu jusque fin 2009. Le gouvernement a choisi clairement la voie incitative: il n'y aura pas de mesures autoritaires, parce que cela aggraverait le phénomène d'abandon de la médecin générale par les jeunes diplômés.
Constat : en matière médicale, la pénurie en zone rurale ne sera pas endiguable. La diminution du numerus clausus dans les facultés n'a pas d'effet sur la pénurie, car les étudiants médecins ne choisissent plus la médecine générale synonyme d'isolement. Beaucoup préfèrent redoubler leur dernière année afin de repasser le diplôme plus brillamment, et pouvoir échapper ainsi à l'internat de médecine générale. Seulement un médecin diplomé sur dix choisit la médecine générale. Depuis trois ans, le nombre de postes d'internes de médecine générale non choisis s'élève à 1 673 en France.
De plus, il n'est matériellement très difficile d'organiser l'enseignement massif de médecins. Imaginez qu'ils doivent visiter les chambres des hopitaux par groupes, combien d'étudiants est-il possible de faire défiler dans la chambre d'un malade ?
C'est pour celà que les départements sont obligés d'aller chercher des jeunes médecins à l'étranger. La Sarthe vient d'annoncer qu'elle démarchait des étudiants français partis repasser leur diplôme de médecine en Roumanie. Au moins ces étudiants là sont motivés par la médecine générale.
Les syndicats de médecins et les patients s'interrogent. Allons-nous vers une baisse de la qualité des médecins généralistes ?  En tout cas, dans les zones rurales, il ne serait pas surprenant que les meilleurs candidats ne se bouculent pas.

Ce ne serait pas très grave, en fin de compte, si la médecine générale permettait au praticien de continuer à apprendre tout au long de sa carrière, au contact de ses confrères, ou d'autres professionnels de santé. On peut ne pas avoir été un brillant étudiant, et se révèler éfficace sur le terrain, perspicace. On n'apprend pas tout à l'école, heureusement !
La seule voie d'avenir pour pallier à la désertification et prévenir une baisse de la qualité de la médecine, c'est la création des Maisons médicales pluridisciplinaires. A condition que ces structures soient établies dans les sites raisonnablement attractifs (les chefs-lieu de canton), elles n'auront aucun mal à servir de base au maintien de la médecine de proximité.(voir le rapport de l’Académie Nationale de Médecine sur la médecine en 2015, et celui du Sénateur Jean Marc JUILHARD sur la démographie médicale, et le dernier sur les maisons pluridisciplinaires).
Les MMP devront s'intégrer dans des pôles de santé libérale et ambulatoire (PLSA), afin que les médecins et autres professionnels des différentes communes bénéficient d'une organisation en réseau, avec des engagements que l'on ne pourra pas leur imposer, mais qu'ils choisiront à la carte.
Les communes pourront chosir de confier à leur Communauté l'ensemble de la compétence MMP + PLSA, ou bien les communes se chargeront des projets immobiliers en réalisant les MMP dites "site principal" ainsi que les cabinets médicaux secondaires pour des permanences délocalisées, et les Communautés se chargeront des PLSA (définition des objectifs et des projets de soins). C'est le montage le plus réaliste que la ville d'Ecommoy propose à la Communauté de l'Orée-de-Bercé-Belinois.

Les MMP et PLSA seront indispensables à l'accueil de nouveaux professionnels de santé dans les territoires ruraux. Ils permettront aux professionnels déjà installés de pratiquer dans un cadre plus confortable et plus sécurisant, plus formateur surtout.

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