vendredi 28 juin 2024

La future ludo-médiathèque de la rue du Gal Leclerc respectera la biodiversité

Le projet vient de franchir un tournant décisif après plusieurs années de maturation. Rappelons qu’en 2022, la municipalité a lancé une grande démarche de concertation et a tenu plusieurs ateliers participatifs avec les associations, les habitants et les acteurs du territoire, accompagnée en cela par le cabinet d’assistance à maîtrise d’ouvrage CRESCENDO (Ecom’info n°37 et 38). Grace à ces échanges, un Projet culturel scientifique éducatif et social (PCSES) a été rédigé en 2023, puis un programme détaillé a été soumis au conseil municipal pour la définition de l’enveloppe financière et le lancement de la procédure de concours de maîtrise d’œuvre (Ecom info n°40).

 

le 6 rue du Gal Leclerc dans 2 ans


Conformément au Code de la commande publique, un jury composé de la Commission d’appel d’offre de l’assemblée communale et de trois architectes (Ordre régional, CAUE, ABF), ainsi que de la Direction régionale des affaires culturelles DRAC, de Sarthe Lecture (Conseil départemental) et des agents cadres de la commune a planché en avril et mai pour départager pas moins de 71 groupements d’architectes qualifiés pour un tel projet. En phase finale, trois candidats ont été autorisés à présenter après six semaines d’études un projet précis avec des esquisses fonctionnelles.


Evidemment, la municipalité avait balisé le concours avec un « cahier des charges » appelé « programme » (tome 1 et 2), contenant presque 130 pages. Il s’agissait d’exprimer des attentes précises sur les nombreuses fonctions du futur équipement positionné dans un foncier stratégique (6 rue du Général Leclerc). Le Programme n’a pas valeur réglementaire, en ce sens que le candidat architecte peut proposer d’autres solutions que celles pressenties dans le document, par exemple quant aux destructions rendues nécessaires (bâtis et végétations). A lui d’être convaincant auprès du jury, tout en respectant les règles d’urbanisme, et sachant qu’il y a encore du temps ensuite pour améliorer le projet.

Deux contraintes étaient à gérer pour les candidats, le nombre des démolitions et les arbres à conserver. Sur les démolitions, le Conseil en a plusieurs fois parlé avec les financeurs qui ont toujours été affirmatifs sur le fait que la demeure principalement visible de la rue ne pourrait en aucun cas être utilisée pour une ludo-médiathèque-micro-folie. Le coût des travaux a donc toujours été calculé avec la démolition de cette partie, soit 3 695 000 euros HT. Sur le devenir des arbres, la municipalité a longtemps travaillé la question depuis 2019, car elle a dû conduire des études spécifiques avant l’acquisition, afin de rassurer Ville de Paris sur la démarche écomméenne. L’engagement a été de réaliser un projet qui serait gagnant pour la biodiversité et le verdissement du site, en replantant au moins davantage qu’en condamnant. Le Conseil de Paris à forte influence écologiste a validé le projet des écomméens.

Dans ce contexte, le sort des sequoias a été une préoccupation importante, mais n’a pas été traité comme un élément bloquant. Le pressentiment était qu’il serait peut-être inévitable de les abattre pour faire place à un projet cohérent et durable (1ère étude de faisabilité de D2X International en 2020). Cette conclusion fut renforcée lorsque fin 2023 la municipalité a planifié un futur chauffage de l’équipement par une géothermie.

C’est la raison pour laquelle, le « programme » pour les architectes a comporté les indications suivantes :

Tome 1 programme général et fonctionnel page 17 et 28

« Une note a été réalisée par la ville d’Ecommoy concernant la présence de deux grands séquoias (Sequoiadendron giganteum), d’une centaine d’années environ sont présents au milieu du site faisant partie d’un groupe de trois initialement.

En voici les extraits :

Les arbres ont une circonférence de presque 8 m pour une hauteur d’environ 35m et sont actuellement en bonne santé, mais sans que cela ne leur donne de caractéristiques exceptionnelles.

C’est un arbre qui a été introduit en France après 1853. Le séquoia a été acclimaté et est souvent planté dans les parcs publics ou dans les grandes demeures privées du fait de son allure imposante comme signe ostentatoire de réussite sociale. La plupart des séquoias atteignent rarement les 40 m, car une grande partie de ces arbres fut plantée au début du XXe siècle : ce sont donc encore des arbres jeunes vis-à-vis des grands spécimens qu'on trouve dans l'aire d'origine. De plus, ils ont souvent été plantés en dehors des forêts où la compétition pour l'accès à la lumière favorise une croissance verticale.

La taille importante de ces arbres, disproportionnée en milieu ultra urbain, génère des risques d’autant plus importants que les constructions seront proches. En effet, ces arbres, réputés résistants dans leur milieu d’origine, subissent un vieillissement prématuré sous nos latitudes, et des dégradations de leur système racinaire accélèrerait ce processus, créant une situation potentiellement dangereuse pour l’ensemble des riverains (la taille des arbres est telle qu’en cas de chute complète, cela expose les constructions, qu’elle que soit l’orientation de la chute.

Les nouveaux riverains du quartier résidentiel créé à côté de la parcelle, font ponctuellement remonter leurs inquiétudes quant au gigantisme de ces arbres.

Après renseignements pris auprès de professionnels de la sylviculture, dans l’hypothèse où les arbres seraient préservés, les travaux, même à 15 mètres de distance (contraignant à l’excès l’implantation du bâtiment, imposant plusieurs niveaux pour respecter les surfaces nécessaires), entraineraient des dégâts importants sur leur système racinaire, les faisant dépérir à court terme.

En effet, le système racinaire de l'arbre peut s'étendre sur une distance de 30 à 40 m selon la capacité du sol à retenir l'eau.

Cependant les racines s'enfoncent rarement à plus de 90 cm de profondeur, ce qui peut sembler paradoxal pour un arbre si grand.

C'est cette faible profondeur qui est la cause principale de la chute de ces géants.

De plus cette hypothèse reviendrait à construire un bâtiment neuf quasiment sous ces arbres, avec les contraintes fortes d’entretien et de sécurité qui en découleraient.

Ainsi, malgré la volonté politique de préserver au mieux l’environnement, transversale sur l’ensemble des projets communaux (la commune fait partie des Territoires Engagés pour la Nature (TEN)), la préservation de ces grands arbres semble compromise.

La ville de Paris elle-même (ancien propriétaire du site) a aussi été obligée de procéder à l’abattage de l’un de ces séquoias il y a quelques années, pour répondre aux contraintes d’aménagements voisins (initialement, il y avait trois séquoias sur la parcelle).

 

*Le devenir des séquoias existants

Dans le cadre du projet, la commune envisage d’abattre ces deux arbres. Le souhait du maître d’ouvrage est de réutiliser une partie du bois dans l’aménagement du site, afin de conserver une trace de leur histoire. Le concepteur fera des propositions de réutilisation du bois pendant les phases de conception.

En outre, le projet prévoit l’implantation d’une trentaine d’arbres, d’essences locales, et d’une taille correspondant mieux au milieu urbain, assurant ainsi une amélioration de la biodiversité dans ce quartier. Etant sensibilisée sur ces aspects environnementaux, elle projette la création d’une micro-forêt en milieu urbain répondant aux objectifs TEN (Territoires Engagés pour la Nature).

 

Tome 2 : programme détaillé page 15

Les pelouses devront pouvoir être facilement accessibles et utilisable par les élèves aux beaux jours.

Toute plantation à proximité de réseaux et/ou voirie et/ou construction est proscrite (distance mini : 2,00 m).

Toute espèce de haute tige à feuillage caduc, devra être implantée à une distance suffisante pour limiter au maximum, voire éviter :

▪ Que la chute automnale n’envahisse les toitures et n’obstrue leurs descentes d’Eaux Pluviales,

▪ Que les mousses et lichens ne dégradent les revêtements de façades,

▪ Les actions d’élagage en hauteur ;

▪ En cas de tempête, les risques de chutes de branches ou d’arbres sur les bâtiments ou sur le public.

 

En résumé, c’est un principe de réalité et surtout de précaution qui a incité les responsables municipaux à envisager l’abattage des sequoias dans le lancement du programme. On rappellera utilement que le principe de précaution figure dans la Constitution française et que la réutilisation des friches urbaines est une priorité de la législation d’urbanisme. Pour mémoire, la commune d’Ecommoy a fait stopper en 2019 la vente du site au plus offrant en programme immobilier qui aurait assurément fait table rase de tout l’existant.

Néanmoins, aujourd’hui les propositions intéressantes du groupement lauréat du concours, permettent de ne pas sceller prématurément la question des sequoias. En effet, l’implantation du bâtiment habilement pensée permettrait peut-être de conserver un arbre géant, peut-être deux, à la condition que la commune poursuive les investigations techniques sur le sujet et que celles-ci soient favorables à la pérennité des géants verts. Nous espérons pouvoir annoncer de bonnes nouvelles à ce sujet dans quelques temps.








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