Le projet vient de franchir un tournant décisif après plusieurs années de maturation. Rappelons qu’en 2022, la municipalité a lancé une grande démarche de concertation et a tenu plusieurs ateliers participatifs avec les associations, les habitants et les acteurs du territoire, accompagnée en cela par le cabinet d’assistance à maîtrise d’ouvrage CRESCENDO (Ecom’info n°37 et 38). Grace à ces échanges, un Projet culturel scientifique éducatif et social (PCSES) a été rédigé en 2023, puis un programme détaillé a été soumis au conseil municipal pour la définition de l’enveloppe financière et le lancement de la procédure de concours de maîtrise d’œuvre (Ecom info n°40).
le 6 rue du Gal Leclerc dans 2 ans |
Conformément au Code de la
commande publique, un jury composé de la Commission d’appel d’offre de
l’assemblée communale et de trois architectes (Ordre régional, CAUE, ABF),
ainsi que de la Direction régionale des affaires culturelles DRAC, de Sarthe
Lecture (Conseil départemental) et des agents cadres de la commune a planché en
avril et mai pour départager pas moins de 71 groupements d’architectes
qualifiés pour un tel projet. En phase finale, trois candidats ont été
autorisés à présenter après six semaines d’études un projet précis avec des
esquisses fonctionnelles.
Evidemment, la municipalité avait
balisé le concours avec un « cahier des charges » appelé
« programme » (tome 1 et 2), contenant presque 130 pages. Il
s’agissait d’exprimer des attentes précises sur les nombreuses fonctions du
futur équipement positionné dans un foncier stratégique (6 rue du Général
Leclerc). Le Programme n’a pas valeur réglementaire, en ce sens que le candidat
architecte peut proposer d’autres solutions que celles pressenties dans le
document, par exemple quant aux destructions rendues nécessaires (bâtis et
végétations). A lui d’être convaincant auprès du jury, tout en respectant les
règles d’urbanisme, et sachant qu’il y a encore du temps ensuite pour améliorer
le projet.
Deux contraintes étaient à gérer
pour les candidats, le nombre des démolitions et les arbres à conserver. Sur
les démolitions, le Conseil en a plusieurs fois parlé avec les financeurs qui
ont toujours été affirmatifs sur le fait que la demeure principalement visible
de la rue ne pourrait en aucun cas être utilisée pour une ludo-médiathèque-micro-folie.
Le coût des travaux a donc toujours été calculé avec la démolition de cette
partie, soit 3 695 000 euros HT. Sur le devenir des arbres, la
municipalité a longtemps travaillé la question depuis 2019, car elle a dû
conduire des études spécifiques avant l’acquisition, afin de rassurer Ville de
Paris sur la démarche écomméenne. L’engagement a été de réaliser un projet qui
serait gagnant pour la biodiversité et le verdissement du site, en replantant
au moins davantage qu’en condamnant. Le Conseil de Paris à forte influence
écologiste a validé le projet des écomméens.
Dans ce contexte, le sort des
sequoias a été une préoccupation importante, mais n’a pas été traité comme un
élément bloquant. Le pressentiment était qu’il serait peut-être inévitable de
les abattre pour faire place à un projet cohérent et durable (1ère
étude de faisabilité de D2X International en 2020). Cette conclusion fut
renforcée lorsque fin 2023 la municipalité a planifié un futur chauffage de
l’équipement par une géothermie.
C’est la raison pour laquelle, le « programme »
pour les architectes a comporté les indications suivantes :
Tome 1 programme général et fonctionnel page 17 et 28
« Une note a été réalisée
par la ville d’Ecommoy concernant la présence de deux grands séquoias
(Sequoiadendron giganteum), d’une centaine d’années environ sont présents au
milieu du site faisant partie d’un groupe de trois initialement.
En voici les extraits :
Les arbres ont une
circonférence de presque 8 m pour une hauteur d’environ 35m et sont
actuellement en bonne santé, mais sans que cela ne leur donne de
caractéristiques exceptionnelles.
C’est un arbre qui a été
introduit en France après 1853. Le séquoia a été acclimaté et est souvent
planté dans les parcs publics ou dans les grandes demeures privées du fait de
son allure imposante comme signe ostentatoire de réussite sociale. La plupart
des séquoias atteignent rarement les 40 m, car une grande partie de ces
arbres fut plantée au début du XXe siècle : ce
sont donc encore des arbres jeunes vis-à-vis des grands spécimens qu'on trouve
dans l'aire d'origine. De plus, ils ont souvent été plantés en dehors des
forêts où la compétition pour l'accès à la lumière favorise une croissance
verticale.
La taille importante de ces
arbres, disproportionnée en milieu ultra urbain, génère des risques d’autant
plus importants que les constructions seront proches. En effet, ces arbres,
réputés résistants dans leur milieu d’origine, subissent un vieillissement
prématuré sous nos latitudes, et des dégradations de leur système racinaire
accélèrerait ce processus, créant une situation potentiellement dangereuse pour
l’ensemble des riverains (la taille des arbres est telle qu’en cas de chute
complète, cela expose les constructions, qu’elle que soit l’orientation de la
chute.
Les nouveaux riverains du
quartier résidentiel créé à côté de la parcelle, font ponctuellement remonter
leurs inquiétudes quant au gigantisme de ces arbres.
Après renseignements pris
auprès de professionnels de la sylviculture, dans l’hypothèse où les arbres
seraient préservés, les travaux, même à 15 mètres de distance (contraignant à
l’excès l’implantation du bâtiment, imposant plusieurs niveaux pour respecter
les surfaces nécessaires), entraineraient des dégâts importants sur leur
système racinaire, les faisant dépérir à court terme.
En effet, le système racinaire
de l'arbre peut s'étendre sur une distance de 30 à 40 m selon la capacité du
sol à retenir l'eau.
Cependant les racines
s'enfoncent rarement à plus de 90 cm de profondeur, ce qui peut sembler
paradoxal pour un arbre si grand.
C'est cette faible profondeur
qui est la cause principale de la chute de ces géants.
De plus cette hypothèse
reviendrait à construire un bâtiment neuf quasiment sous ces arbres, avec les
contraintes fortes d’entretien et de sécurité qui en découleraient.
Ainsi, malgré la volonté
politique de préserver au mieux l’environnement, transversale sur l’ensemble
des projets communaux (la commune fait partie des Territoires Engagés pour la
Nature (TEN)), la préservation de ces grands arbres semble compromise.
La ville de Paris elle-même
(ancien propriétaire du site) a aussi été obligée de procéder à l’abattage de
l’un de ces séquoias il y a quelques années, pour répondre aux contraintes
d’aménagements voisins (initialement, il y avait trois séquoias sur la parcelle).
*Le devenir des séquoias existants
Dans le cadre du projet, la
commune envisage d’abattre ces deux arbres. Le souhait du maître d’ouvrage est
de réutiliser une partie du bois dans l’aménagement du site, afin de conserver
une trace de leur histoire. Le concepteur fera des propositions de
réutilisation du bois pendant les phases de conception.
En outre, le projet prévoit
l’implantation d’une trentaine d’arbres, d’essences locales, et d’une taille
correspondant mieux au milieu urbain, assurant ainsi une amélioration de la
biodiversité dans ce quartier. Etant sensibilisée sur ces aspects environnementaux,
elle projette la création d’une micro-forêt en milieu urbain répondant aux
objectifs TEN (Territoires Engagés pour la Nature).
Tome 2 : programme détaillé page 15
Les pelouses devront pouvoir être facilement accessibles
et utilisable par les élèves aux beaux jours.
Toute plantation à proximité de réseaux et/ou voirie
et/ou construction est proscrite (distance mini : 2,00 m).
Toute espèce de haute tige à feuillage caduc, devra être
implantée à une distance suffisante pour limiter au maximum, voire éviter :
▪ Que la chute automnale n’envahisse les toitures et
n’obstrue leurs descentes d’Eaux Pluviales,
▪ Que les mousses et lichens ne dégradent les revêtements
de façades,
▪ Les actions d’élagage en hauteur ;
▪ En cas de tempête, les risques de chutes de branches ou
d’arbres sur les bâtiments ou sur le public.
En résumé, c’est un principe de
réalité et surtout de précaution qui a incité les responsables municipaux à envisager
l’abattage des sequoias dans le lancement du programme. On rappellera utilement
que le principe de précaution figure dans la Constitution française et que la
réutilisation des friches urbaines est une priorité de la législation
d’urbanisme. Pour mémoire, la commune d’Ecommoy a fait stopper en 2019 la vente
du site au plus offrant en programme immobilier qui aurait assurément fait
table rase de tout l’existant.
Néanmoins, aujourd’hui les propositions intéressantes du groupement lauréat du concours, permettent de ne pas sceller prématurément la question des sequoias. En effet, l’implantation du bâtiment habilement pensée permettrait peut-être de conserver un arbre géant, peut-être deux, à la condition que la commune poursuive les investigations techniques sur le sujet et que celles-ci soient favorables à la pérennité des géants verts. Nous espérons pouvoir annoncer de bonnes nouvelles à ce sujet dans quelques temps.
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