Raymond Dronne à Ecommoy, pour beaucoup de jeunes ce n'est rien de plus qu'une école communale. Pour les plus anciens, et surtout pour les passionnés d'Histoire, c'est un symbole républicain presque sacré. Apparemment pas pour tout le monde, car une banale réorganisation de service interne à la mairie dégénère en tensions entre enseignants, parents, et élus municipaux. Un potentiel chaos porté par le Rassemblement National qui en profite pour déclarer sa candidature 100% partisane aux élections municipales de 2026 dans cette commune sarthoise de 4900 habitants.
Le capitaine Dronne, un natif du pays écomméen et mayetais, docteur en droit public et administrateur colonial, se rendit nationalement célèbre par son entrée courageuse dans Paris le 24 juin 1944, alors que les combats avaient commencé entre les allemands et les parisiens soulevés, une quinzaine d'heures avant l'arrivée de la division blindée du Général Leclerc.
Paré de sa gloire, il fut maire pendant 36 ans, député, sénateur, un gaulliste très actif au Parlement, une figure de la Sarthe et de la France. Comment ne pas se désoler de voir ce qui se passe à l'école élémentaire publique Raymond Dronne quand on connaît bien la commune et le tissu politique local ? La ville n'a jamais cédé aux extrêmes, mais le vote RN progresse en Sarthe fortement depuis quelques années. De quoi provoquer des appétits et le parachutage du clan Le Pen, dont fait partie le jeune Lemoigne, candidat manchot aux législatives sarthoises bénéficiant d'une adresse postale prêtée au dernier moment par un militant. C'est facile pour l'assistant parlementaire du député européen marié à Marie-Caroline Le Pen. Le jeune homme, désormais véritablement domicilié à Ecommoy, n'a que 24 ans.
Les méthodes ont d'autres particularités caractéristiques : le populisme. Etre au maximum sur le terrain, oui même quand on est assistant parlementaire payé par Bruxelles, et souffler sur toutes les braises possibles, surtout quand on ne connait rien des dossiers, ni de la commune, ni de la gestion municipale en général.
C'est la publication d'un article de presse organisée à la va-vite devant l'école communale qui a révélé au maire les grossières ficelles d'une orchestration bien maladroite : faire croire qu'un agent municipal adoré des enfants et des enseignants travaillant au service de l'école va être licencié par la mairie.
La fake news est partie d'une réunion interne à la mairie le 15 janvier consacrée au fonctionnement de l’école après les travaux et le déménagement en cours. A cette réunion, il n'y avait que le maire et ses collaborateurs, qui avaient invité les enseignants et l'agent concerné pour évoquer toutes les conséquences de la réorganisation de l'école, aucun parent. Pourtant, un des articles de presse pouvait laisser entendre que les parents avaient assisté à cette réunion : "Les parents élus au conseil d’école (représentés par Peggy M) et les enseignants (Catherine G) ont appris la nouvelle au cours d’une réunion". Quelqu'un ou quelques-uns ont déformé les propos de la municipalité dans ce dossier depuis le départ...
Dans ces conditions, la réaction d'hostilité des parents était tout à fait normale. On aurait pu s'attendre à ce qu'ils demandent des explications à la mairie avant de déployer des banderoles et des pancartes Allée de Fontenailles, laissant entendre que la commune procédait avec tant de brutalité !
"Il nous a été dit que l'agent municipal était sommé d'accepter la fermeture de son poste, ou alors de partir voir ailleurs", racontent a posteriori les parents reçus par le maire jeudi dernier.
Fort heureusement, une correspondante de presse locale a aussitôt pris attache avec le maire pour apporter une version officielle à ses lecteurs. Au passage, on se réjouit que la presse papier professionnelle existe toujours, car entre temps la fake news bat son plein sur les réseaux sociaux et les sites de pétitions en ligne ...
Le maire s'est donc fendu d'un communiqué :
"Certains parents s'inquiètent d'une situation liée à la modernisation et à la réorganisation des services municipaux . En effet, dans le cadre des réflexions d'amélioration de la qualité de nos actions engagées depuis deux ans, la commune prend acte de l'apparition de besoins nouveaux en lien avec le contexte global.
- La salle informatique dans l'école R. Dronne va disparaître dans le cadre des travaux à la suite d'un besoin de la Communauté de communes pour l'accueil périscolaire ne disposant pas de places suffisantes, notamment pour les devoirs.- Les techniques informatiques ont considérablement évolué depuis 25 ans, époque de la création des premiers postes assumés par M. Refuveille. Même au niveau des mairies, nous sommes obligés de nous appuyer sur des prestataires informatiques experts des sujets de wifi-réseaux, de prise de contrôle de maintenance à distance, de cybersécurité, de RGPD. Dans la future organisation, la mairie va acheter de nouveaux matériels et logiciels et fera intervenir des spécialistes.
- Les fonctionnaires sont titulaires d'un grade qui leur assure toujours un emploi. L'administration employeur dispose des postes afin de pouvoir adapter le service public. Elle est pleinement responsable d'affecter ses agents sur les postes qui lui semblent les plus pertinents dans la poursuite de ses missions propres afin d'éviter les doublons couteux pour les finances publiques.
- Or, une part importante des missions assumées par M. Refuveille est faite de missions que peuvent et doivent assumer les agents de l'Education Nationale.
- Aujourd'hui l'Etat est décidé à saigner les communes à blanc et nous en voyons déjà d'importantes conséquences. La Cour des comptes demande aux communes et communautés de réduire la voilure de 100 000 postes (5%). La France est en quasi-faillite. Ecommoy est donc bien obligé de gérer ses moyens au plus près de ses missions communales. Dans le cadre de la réorganisation des services, nous constatons que l'école R Dronne a perdu 50 élèves en 20 ans et continue d'en perdre. Il a été proposé plusieurs évolutions à M. Refuveille pouvant tout à fait lui convenir, y compris dans nos écoles. Les détails de ces évolutions restent à déterminer car cela concerne d'autres structures communales.
Nous poursuivons les discussions et écoutons les propositions qui permettent de répondre aux besoins qui relèvent des attributions de la commune et permettent de s'inscrire dans les trajectoires nationales démographiques et économiques."
Ainsi, de licenciement il ne pouvait être question. Bien au contraire, la commune a préparé depuis des mois des propositions de postes pour son agent. D'ailleurs, la population ne pouvait être surprise car les orientations sont claires depuis la crise énergétique inflationniste de l'année 2022/23, des orientations annoncées de longue date et adoptées démocratiquement à l’unanimité du conseil municipal.
Débat d’orientations budgétaires conseil municipal décembre 2023
Débat d’orientations budgétaires conseil municipal décembre 2024
Pour la municipalité, le poste de l'agent communal ne répond plus aux besoins des écoles. L'informatique n'est plus une matière, c'est un outil au service de toutes les matières enseignées par les professeurs.
Pour l'inspectrice académique de l'Education Nationale interrogée par les parents, la situation est claire :
"M. Refuveille n'est pas un enseignant et de ce fait ses actions d'accompagnement dans certaines activités scolaires, même si elles sont appréciées de tous, ne contribuent pas aux apprentissages des élèves et n'ont pas d'impact direct sur la qualité des enseignements qui incombent pleinement aux enseignants."
Lorsque l'on sait comment le travail scolaire est organisé dans les autres écoles comparables, on s'étonne de la situation exceptionnelle de l'école R. Dronne. Certains anonymes écrivent aux maires pour l'encourager dans le redéploiement des moyens communaux : "J'espère sincèrement que vous n'allez pas céder aux pressions de toutes ces personnes qui affirment que M. Refuveille est là pour le bien être des enfants. Dans beaucoup d'écoles primaires de notre département, il n'y a pas de salariés en poste pour l'informatique, la bibliothèque... et les enfants se portent bien. J'espère que vous irez au bout de vos idées afin que les projets écomméens puissent aboutir."
Les parents élus du conseil d'école le reconnaissent : "Nous aurions souhaité échanger sur vos motivations à revoir les fonctions de Michel Refuveille, qui nous l'entendons, sont uniques dans le département mais pas récentes..."
Le dialogue est donc enfin établi de manière constructive avec les parents, c'est le principal. Nous aurions pu nous éviter cette image déplorable... sauf que le Rassemblement National a flairé un os potentiellement porteur. La municipalité serait brutale et pas proche du peuple, sans cœur et raisonnant comptablement. C'est à peu près tout ce que peuvent dire ceux qui ne connaissent rien à la situation. L'important est de semer la zizanie, et d'apparaître sympathique à un an de l'élection municipale. Tous les coups sont permis. Les preuves de la récupération politique sont incontestables.
Sur les photos du rassemblement en faveur de l'agent municipal, on distingue Jordan FOURNIER. Il n'est pas parent, ni syndicaliste, il ne travaille pas. Il a beaucoup de temps à consacrer au RN72 depuis l'année dernière. Tout le monde le connait au village. Il a été président du club de basket local, de 2020 à 2021, une courte période, avant d'être remplacé à la hâte, alors qu'il avait tant de temps à consacrer à ses adhérents, surtout aux jeunes équipes féminines. Aux législatives de 2024, il a servi d'homme à tout faire pour Romain LEMOIGNE, jusqu'à l'accompagner à la Préfecture aux soirées post électorales. Une sacrée promotion qui en motiverait plus d'un pour les besognes à venir. Après, le rendez-vous avec la presse ce matin du 24 janvier, c'est lui qui donne les consignes aux parents et aux amis, sur ce qu'il convient de faire à présent, comment va se dérouler la suite.
Sur facebook, le lendemain du rassemblement devant l'école, à la première heure, le gentil Romain affiche son soutien et critique la municipalité. Jordan FOURNIER le remercie :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire