mardi 26 octobre 2010

Les écoles intercommunales de musique : des priorités à poser dans la transparence démocratique

Voici une compétence souvent transférée par les communes aux communautés, parce que ce genre d'établissement a toujours un périmètre intercommunal. Mais, en ce domaine, le contrôle démocratique ne parvient pas à s'exercer au niveau communautaire, car les communautés ne sont pas encore démocratiques.
De fait, aujourd'hui, et tant que la réforme des collectivités locales n'aura pas remédier à ces problèmes, nos Conseils de communautés sont composés des délégués librement choisis par les conseils municipaux des communes. Il en résulte l'absence d'obligation de parité, et pour tout dire une écrasante domination masculine dans les territoires ruraux. En outre, et surtout, les délégués communautaires qui sont presque issus des cm de petites communes ne connaissent pas le phénomène des "oppositions municipales structurées" qui existent dans les villes de plus de 3500 habitants et qui obligent à justifier les choix faits. En réalité, dans les Communautés, les décisions se font uniquement par les jeux d'intérêt des communes les unes par rapport aux autres, sans grande rationalité. Il n'y a pas forcément de ligne politique de conduite, le Président n'étant pas élu sur la base d'un programme, et aucun délégué n'étant d'ailleurs élu au suffrage universel direct...
Et c'est ainsi que l'on débouche sur des dépenses mal réfléchies votées sans grande connaissance des dossiers, la présence des techniciens communautaires étant pour les élus souvent une présence rassurante, alors même que ces techniciens n'ont pas le pouvoir de prévenir sur les dérives des choix qui sont faits. Le fait qu'ils n'alertent pas est apparemment interprété par les élus comme une caution donnée.
Prenons donc l'exemple de l'école de musique qui chez nous est devenue d'une qualité exceptionnelle, école ressource pour le Conseil Général pour le Sud Sarthe.

Les élus sont heureux d'avoir pu prendre connaissance du document intitulé « projet d'établissement 2010/2014 » qui constitue un très bon travail, bien documenté, clair, bref un bon outil d'aide à la décision. Examiné en comité d'établissement de l'école avec les professeurs, puis en commission culture de la Communauté de communes, le document synthétise les souhaits des enseignants de musique "dans l'idéal".
Ledit rapport a de grandes ambitions, puisque l'on apprend qu'il faut adapter nos capacités d'accueil à notre poussée démographique. Ainsi, non seulement il faudrait agrandir et rénover le centre de Laigné-en-belin, mais aussi les bâtiments de l'école de musique à Ecommoy. Tout ça en pleine convalescence de crise économique, la France creusant sa dette de 100 Millions d'euros par jour pour relancer son économie va certainement relancer la machine et parvenir au plein emploi à coup d'investissements pour les écoles de musique...
Bref, à supposer que la Cdc soit en capacité de réaliser les investissements pour les classes de musique, alors qu'elle sort d'un débat difficile sur sa capacité à le faire pour la piscine, tout agrandissement des locaux pour la musique se traduira pas une augmentation des dépenses de fonctionnement.


Or, évaluons déjà le budget annuel de fonctionnement de l'activité musique :
272 élèves x 1300 euros = 353 000 euros de dépenses par an. La Cdc supporte 57% de ces dépenses, pour le bénéfice de moins de 200 familles (272 élèves, mais en réalité beaucoup moins de familles car phénomène de pluri praticiens dans une famille).

Vous avez bien compris que la question n'est pas alors « avons nous besoin d'agrandir ? », mais « pouvons-nous agrandir » et, cela est-il une bonne dépense, préférable à d'autres dépenses ? (développement économique ?) Il semblerait que lorsque les bonnes questions sont posées, les élus fassent de bons choix. Le projet 2010/2014 a été rejeté par le Conseil communautaire, en attendant des ambitions plus raisonnables.

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