Nous avons donc appris avec surprise la démission du maire de St-Gervais de ses fonctions de Vice-Président de la Communauté de communes, et de conseiller communautaire. Je souhaite apporter mon décryptage et révéler le dessous des cartes dans cette affaire, car si je n'en suis pas la cible personnellement, elle laisse à penser que les autres maires de la CCOBB sont d'affreux capitalistes consommateurs de terres agricoles, ce qu'ils ne peuvent pourtant pas être par la force du droit.
Le maire de St-Gervais déclare démissionner parce qu'il ne peut pas défendre un PLUi comme le notre en projet dès lors qu'à la CCOBB il en est le référent depuis 4 ans, et qu'il est en même temps Vice-Président du Syndicat du SCOT (Schéma de cohérence territorial). En effet, le SCOT est un document cadre qui est très contraignant, et nous oblige à réduire nos consommations de terres pour notre développement urbain. Comprendre : l'homme ne saurait soutenir un PLUi pas assez conforme au SCOT... Il prétend que la CCOBB prépare par son PLUi la permission pour deux "grandes entreprises" (sic) de s'agrandir sur des terres agricoles, ce qui ne serait "plus dans les clous" (sic).
Il y a beaucoup de douleur dans cette décision, et je comprends l'élu meurtri par plusieurs récentes mauvaises nouvelles pour sa commune. Notre camarade est un idéaliste, un utopiste dogmatique. Evidemment, le grand commerce n'a pas que des vertus, mais parlons des deux projets stigmatisés et rétablissons la réalité.
L'Intermarché de St-Gervais a besoin de s'agrandir ? Qui s'en étonne ? C'est un vieux magasin, et le pôle Laigné-St-Gervais a grossi énormément ces dernières décennies. Les deux villages totalisent presque autant d'habitants qu'Ecommoy qui compte un HYPER U, un LIDL et un ALDI (fermé depuis quelques jours)... Cet Intermarché s'implanterait dans un champ en limite du bourg de Laigné-en-belin. Où pourrait-il ailleurs être répondu à son besoin de place ? Il est situé actuellement en plein village juste à côté de la mairie !
L'autre projet critiqué est celui du garage GLINCHE à Ecommoy. Cette entreprise a connu un très fort développement de son activité de vente en ligne et ambitionne de devenir une des plus importante de France dans cette spécialité. Elle a donc obtenu un accord d'achat futur de terrains à l'agriculteur qui exploite derrière le garage, afin d'agrandir les surfaces de stockage et d'exposition des véhicules. L'entreprise est exemplaire dans notre territoire en terme de richesse produite, d'emplois en devenir, et de retombées fiscales. Mais, effectivement ce n'est pas esthétique dans le paysage de voir des hectares d'automobiles et de camions, en artificialisation de terres agricoles...
Mais ces projets sont-ils pour autant contraires à l'esprit du droit de l'urbanisme ou du SCOT ? NON ! A condition de les entourer de précautions et de les encadrer dans des limites bénéfiques pour la collectivité.
Je veux battre en brèche ici l'idée sous jacente que la norme oblige désormais à "privilégier au maximum" les terres agricoles. A moins que l'on assume officiellement la décroissance, c'est à dire que l'on admette qu'il faut réduire la population française et mondiale, pour l'instant le droit de l'urbanisme vise à répondre à tous les besoins de la Nation, et non pas un seul qui serait le besoin paysan. Il n'est écrit dans aucune règle de droit que la terre agricole est sanctuarisée ou intouchable, même pas dans la récente charte de l'urbanisme signée entre les maires sarthois et les agriculteurs . Ce ne serait tout simplement pas possible car d'autres impératifs sont en jeu. On ne peut pas accueillir des populations sans leur offrir de l'emploi et des services, sinon on oblige à multiplier les déplacements, à polluer et à construire et élargir des routes en artificialisant des sols...
Il y a d'autant moins de possibilités pour nos entreprises de s'implanter en centre bourg, que l'on en chasse de plus en plus les automobiles et les stationnements, pour mieux densifier les logements, et surtout pour moins polluer. Le prochain règlement de PLUi va même interdire les activités de garage dans les zones U. Les futurs garages devront donc s'établir en périphérie ou entrée de ville, en zone d'activité pour être clairs.
Pour diminuer l'impact de ces extensions sur l'environnement, je souhaite que nous imposions des contraintes qui contribueront à la réalisation de la transition énergétique. Les entreprises qui créent des bâtiments avec de nombreux stationnements peuvent participer au développement de l'énergie solaire en Sarthe. Précisons au passage que l'Intermarché n'a pas projet de devenir un centre commercial avec d'autres commerces et se contentera d'un bâtiment, tandis que le garage Glinche a encore des bâtiments à construire dans sa partie déjà constructible, en synergie avec ses extensions futures de parkings. Tant de toitures doivent, selon moi, être équipées de panneaux, tandis que les parkings devraient être équipés d'ombrières photovoltaïques.
Je souhaiterais aussi que des OAP réglementaires à venir leur indiquent une obligation de végétaliser autour de leurs emprises pour ne pas accentuer trop le réchauffement, pour diminuer l'impact visuel, et permettre à une certaine biodiversité de survivre. Cela devrait être tout à fait faisable si l'on collabore en bonne intelligence. Sans compter que la moindre imperméabilisation des parkings est déjà actée dans nos exigences.
Certes, on peut regretter que St-Gervais-en-belin soit une des communes les plus mitées par les habitations diffuses dans le Belinois (pop +120% depuis 1975), alors que son maire actuel est membre de cette municipalité depuis près de 20 ans... Il y a quelques mois encore dans la réflexion du PLUi, il réclamait que les hameaux puissent continuer à s'étendre en campagne... Pire encore : le maire de ST-Gervais a pesé de tout son poids à plusieurs reprises pour obtenir une future zone d'activité économique de 6 hectares au lieu-dit Fromenteau sur la route du Lude, prenant sur des zones naturelles, agricoles, en partie boisées, en partie humides. Alors que cette zone ne correspond guère aux besoins de la CCOBB, nous avons cédé à son exigence à la veille du second débat du conseil communautaire sur le PADD.
Alors pourquoi une réaction de démission à présent aussi vive, reposant sur une appréciation à géométrie variable ? Calculs et règlements de comptes politiques pour des projets situés sur des communes ressenties comme des rivales ? L'annonce de démission parue le jour même où la CCOBB passait une audition devant la Commission départementale de préservation des espaces naturels agricoles et forestiers CDPENAF ? Audition qui s'est plutôt bien passée et n'a aucunement montré de difficulté sur le volet développement économique du projet de PLUi...
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