dimanche 16 mars 2025

Réponses à la pétition pour les sequoias : la fragilisation des arbres en ville et sa nécessaire anticipation

La caricature ou la simplification porterait à croire que les villes qui modifient les aménagements urbains prennent un malin plaisir injustifié à abattre des arbres qui ont simplement une santé déclinante sans être morts, un peu comme si elles trucidaient des malades sans même essayer de les soigner. Les élus parlent de "risques" et de "vulnérabilités", et certaines personnes pensent que les décideurs agitent des peurs infondées. C'est en partie une erreur d'interprétation de ce que les collectivités publiques prennent en compte.

Evidemment, le risque de mortalité pour les êtres humains est le premier considéré. Mais celui-là est très faible, et peu importe la taille de l'arbre, si la chute survient et heurte une personne, cet accident est presque toujours mortel (contrairement au risque automobile qui est très peu mortel en occurrence).

Ce qui est beaucoup plus probable, c'est le risque pour les biens. Or, l'administration publique est non seulement garante de la protection des personnes, mais aussi des biens. Qu'un arbre écrase un véhicule vide, et la collectivité sera recherchée comme responsable. Cela nous est déjà arrivé à Ecommoy (stade des Vaugeons). Concernant les très grands arbres, le risque pour les biens est beaucoup plus important que s'il s'agit d'arbres ordinaires. La présence d'un immeuble sous un arbre géant ne laisse aucun doute qu'en cas de tempête et d'arbre fragilisé, les dégâts seront considérables. Les assureurs ont déjà anticipé eux. Les primes d'assurances des communes explosent !

Mais attention, la question des risques est loin d'être la seule qui entre en ligne de compte, car un arbre peut être mis sous surveillance renforcée, comme un volcan, ou une rivière en crue. Ces surveillances sont très couteuses, la question est alors politique. A l'heure des envolées des couts de fonctionnement pour les collectivités (souvent en raison de normes environnementales et sanitaires), comment souhaitons-nous utiliser l'argent public ?

Plus essentiel en l'espèce, pour en revenir au projet du 6 rue du Gal Leclerc, nous avons expliqué aux associations que nous avons reçues en mairie que la raison principale de la non possibilité de conserver les sequoias est que les mesures nécessaires à leur maintien en vie prolongée (sursis 20 ans?) amputeraient la parcelle de 1200m² de surfaces utilisables (même pas un gazon, du paillage uniquement). Ainsi la capacité en stationnements, initialement calculée à 50 places passerait à 22 (+1 handicapés). Or, dans le bourg d'Ecommoy, dans ce quartier déjà garni en logements, avec 1150m² de ludo-médiathèque-salles-numériques neuve et deux anciens bâtiments conservés pour de futurs usages municipaux, prévoir 23 places de parkings ce serait renoncer tout simplement au projet. En ce cas, la commune n'aurait plus qu'à revendre la friche à des promoteurs immobiliers comme cela était prévu par la Ville de Paris en 2020.

A ces arguments économiques et politiques, s'ajoutent les arguments écologiques que Vincent CHAUCHET est bien placé pour présenter.

Sébastien GOUHIER.

.................................

Nous nous efforcerons donc, dans les lignes qui suivent, de répondre de manière objective et factuelle aux principales questions ou affirmations de la pétition ou de quelques messages reçus en mairie, demandant l’abandon de l’abattage des 2 séquoias et autres arbres dans l’emprise du projet de ludo-médiathèque, sans réflexion plus globale.

1- « Cet abattage va mettre en péril la biodiversité locale » :

Tout d’abord abattre un arbre de cette taille mérite effectivement réflexion car il est dommage d’en arriver à cette issue.  

Mais la municipalité d’Ecommoy n’a pas attendu le dilemme de l’abattage de deux arbres géants pour se poser la question de la biodiversité sur notre commune.

Nous travaillons depuis de nombreuses années sur la préservation et le développement de la biodiversité, politique volontariste attestée par la labellisation TEN (Territoire Engagé pour la Nature) de notre commune. C’est une de nos priorités politiques. Voici quelques projets réalisés ou déjà bien avancés :

- Création d’une micro-forêt urbaine sur une parcelle de près d’un ha, à 300 m du centre bourg. Déjà la préservation de cet espace (classé Refuge LPO) tient toutes ses promesses : de nouvelles espèces arrivent dans ce milieu ou à proximité (entre autres le Gros-bec casse-noyaux, le Roitelet à triple bandeau ou encore le Rougequeue à front blanc, espèces peu communes en milieu urbain). 

- Création de jardins partagés en lien avec une association

- Développement de la « trame verte et bleue » réglementaire au Plan d’urbanisme (réhabilitation et création de mares, plantation de 800 mL d’arbres et arbustes en 4 ans. Plantation de 243 arbres et 438 arbustes en 3 ans (2021-2023) avec enrichissement du patrimoine arboré. Nous en sommes à 800 aujourd’hui.

- Recensement de chiroptères (chauves-souris) avec le CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) pour étudier les impacts de la limitation de l’éclairage public et le développement de la trame verte, avec un constat très positif (8 espèces locales recensées à minima dont certaines à statut préoccupant comme la Noctule commune). On connait l’importance des trames vertes pluri-strates pour ces espèces.

- Opération annuelle « Une naissance, un arbre » : plus de 40 arbres déjà plantés en deux ans.

- Actions vers les écoles pour sensibiliser à la biodiversité en ville et à l’intérêt d’une forêt urbaine.

- Dans le Projet de ludo-médiathèque : théâtre de verdure, plantations de 28 nouveaux arbres, végétalisation avec de nombreuses essences arbustives favorisant la biodiversité, perméabilisation des places de parking…. De plus, les pétitionnaires n’ont parlé que des séquoias alors que nous conserverons un 3ème arbre géant (un Calocèdre) non atteint par le parasite fongique des deux séquoias et donc parfaitement sain.


2- « Faites le projet ailleurs » :

Nous reprendrons ici la genèse de ce projet :

- L’obsolescence de l’actuelle bibliothèque ne répondant plus aux enjeux citoyens sur la commune : il y avait urgence à créer un lieu adapté de partage, de convivialité, de culture, dans un contexte global de repli sur soi.

- La position idéale de ce lieu entre gare et centre bourg, proche des écoles : son acquisition était une réelle opportunité qui est encouragée par le droit de l'urbanisme limitant l'étalement périphérique.

- la possibilité qu’un promoteur achète l’endroit : il  ne se serait posé aucune question sur la préservation de la végétation existante et de la biodiversité locale.

- Ce n’est pas qu’un projet de ludo-médiathèque : c’est aussi un projet de végétalisation d’une parcelle de centre bourg visant à développer la biodiversité et à créer un ilot de fraicheur au plus près du cœur de ville accessible à tous les habitants puisqu’il deviendra dès lors un espace public. Aussi nous ne pouvions laisser des arbres malades, certes à un degré actuel encore minime mais dont la longévité est mise en cause par une maladie, dans un parc ouvert et qui ne pourra être fermé en cas d’intempéries extrêmes comme on en connait de plus en plus souvent (vents forts ou(et) orages).

Il est également intéressant de savoir qu’un séquoia a déjà été abattu par l’ancien propriétaire, à savoir la ville de Paris, sans que cela n’émeuve à l’époque.

- le travail , la réflexion d’écomméens, utilisateurs actuels de la bibliothèque, adhérents d’associations locales, élus municipaux, Sages, ou simples citoyens désireux d’être acteurs dans l’élaboration de ce beau projet et réunis dans un COPIL (comité de pilotage du projet)

- Enfin l’absence de terrain communal disponible pour un projet de cette ampleur et répondant aux besoins définis par le « COPIL ». 


3- "Vous n’impliquez pas assez les citoyens dans vos décisions" :

Pourtant …..

- Organisation d’un biblioremix avec plusieurs réunions publiques, moments de réflexion sur le besoin de la population sur l’évolution de la bibliothèque vers une ludo-médiathèque, ouvert à tous les habitants de la commune.

- Réunion publique salle Richefeu sur la place de l’arbre en ville à laquelle n’a participé aucun des pétitionnaires se disant aujourd’hui préoccupés par ce sujet…

- Plantation citoyenne de la micro-forêt ou là encore on peut noter l’absence de ces mêmes personnes.

- Chaque opération « un arbre une naissance » donne lieu à un pot de l’amitié avec les familles

- Les comptes-rendus des conseil municipaux sont dans les boulangeries gratuitement

- Notre bulletin municipal est une référence en matière de pédagogie et de transparence

- Chaque modification du PLUi ou du SCOT donne lieu à des réunions publiques


4- Perte irremplaçable : 

Effectivement les villes ont désespérément besoin de la nature pour lutter contre les effets des aléas climatiques extrêmes.

Face au dérèglement climatique et en particulier à l’augmentation de la fréquence de périodes de sécheresse et aux températures de plus en plus souvent excessives, la présence de certaines essences d’arbre est inappropriée et se révèle même dangereuse aujourd’hui à plus ou moins court terme en zone fortement urbanisée. 

Or, certains raisonnent comme si un arbre en milieu urbain fonctionnait comme un arbre en pleine forêt.

Les scientifiques (publication dans la revue Nature Climate Change) estiment qu’entre 56% et 65% des espèces d’arbres en milieu urbain à travers le monde sont déjà en situation de risque vis-à-vis du climat. D’ici 2050, ce risque pourrait affecter entre 68% et 76% des arbres.

C’est-à-dire qu’immanquablement on va voir des arbres dépérir rapidement dans les années qui viennent sans avoir prévu leur « remplacement ». Les arbres géants en milieu urbain sont déjà fortement impactés. 

De nombreuses municipalités en France sont confrontées à ce dépérissement accéléré des arbres géants: 

- La Suze sur Sarthe dernièrement, Tours, Nyon, Metz, Mulhouse,….

Il est donc urgent de ne pas attendre et de penser les aménagements urbains futurs avec la volonté de planter pour les raisons que l’on connait (favorisation de l’absorption du CO2 en particulier car l’enjeu urgent est bien la réduction des GES), d’adapter la ville en créant des ilots de fraicheur avec des essences mieux adaptées. Mais aussi concevoir l’espace pour limiter les émissions. Ou encore remplacer ou adapter les bâtiments énergivores en constructions économes en énergie (ce sera le cas de la future ludo-médiathèque).

Les associations de défense de la nature doivent donc accompagner les politiques publiques (comme certaines le font très bien) et ne pas s’arcbouter sur des positions de principe qui ne « tiennent » plus dans le contexte environnemental actuel. Ces combats idéologiques fragilisent la démocratie et risquent de nous conduire vers un résultat diamétralement opposé à l’objectif recherché : l’élection des extrêmes qui ne feront, comme on le voit actuellement dans le Monde, que nous conduire au chaos avec le leitmotiv : « Consomme et tais-toi ! ». Il s’agit de se projeter car défendre la nature c’est aussi prévoir et il y a URGENCE !

 Il en va de la responsabilité des élus.

Vincent CHAUCHET



Aucun commentaire: