Voilà, le tribunal de commerce a
rendu sa sentence, sans avoir épargné une attente
atroce, et presque humiliante, aux salariés de Belipa, venus
nombreux et dans le calme au Rendez-vous judiciaire d'hier.
Quelle est donc cette justice qui a
peur de rendre son verdict parce que le peuple est présent ?
Les salariés de la Belipa sont des gens bien élevés.
La police elle-même n'a pas compris ce report du verdict, étant
donné le comportement exemplaire des travailleurs du Belinois,
accompagnés de leurs élus locaux. Les Belipa n'ont
jamais fait grève en 26 ans (une seule fois très peu de
temps en 2010). Ils n'ont jamais cassé, jamais perturbé
leurs concitoyens, malgré leur douleur.
Mais peut-être que ce qui
freinait les juges à rendre le jugement en présence des
salariés, c'est qu'il y avait de quoi avoir beaucoup de
colère.
La liquidation de la Belipa serait,
d'après les salariés relayés par tous les
médias, le résultat d'une accumulation d'erreurs dans
un contexte économique international qui ne pardonne rien.
Mais au fond, le site de la Belipa possède un potentiel
énorme. Un cadre de l'usine m'a dit ce matin « c'est
impossible qu'un outil industriel comme ça ne gagne pas
d'argent »... Le gâchis est donc le mot qui revient
le plus souvent à la bouche lorsqu'on échange avec les
salariés.
Mais, la colère, il vaut mieux
la transformer en énergie pour rebondir car le site le permet,
et parce que face à autant de dignité et de
professionnalisme, il est certain que les pouvoirs publics auront
envie de faire le maximum. Il est hautement probable que des projets
voient le jour pour utiliser à nouveau tout ou partie du site.
Il faudra peut-être restructurer
encore davantage. Il faudra mieux coordonner les initiatives privées
et publiques que par le passé. Dans la filière bois, je
pense que c'est plus indispensable qu'ailleurs, car les collectivités
locales sont particulièrement clientes des projets innovants
que ce matériau permet.
Tout cela, j'en ai eu conscience dès
le début de mon mandat. La Belipa avait déjà
engagé dès 2007 un changement de stratégie qui
conduisait à produire des gros volumes. La construction de la
très onéreuse chaufferie d'une capacité
phénoménale était difficilement compréhensible
vue de l'extérieur. J'ai alors fait tout ce que j'ai pu afin
que la charge de cette chaufferie ne soit pas uniquement supportée
en pure perte par l'entreprise.
En 2008, le projet retenu pour la
construction de la piscine communautaire prévoyait une chaufferie bois qui
aurait fait double usage avec la chaufferie déjà
présente désormais sur la commune. C'est moi qui ait
fait en sorte que cette option d'une chaufferie bois à la
piscine soit abandonnée, et qu'ainsi la faisabilité
d'un raccordement à un réseau de chaleur extérieur
soit préservée. Il faut penser que la multiplication
des chaufferies bois dans un même secteur augmente la demande
et par conséquent le coût du bois pour les entreprises
qui dépendent de cette ressource.
En 2009, j'ai pesé de tous mes arguments pour ouvrir à la construction 5 hectares de maisons bois pour une résidence sénior à Ecommoy. Les dirigeants de Belipa suivaient de très près cette initiative, qui a malheureusement été stoppée par la crise, par le décès de son promoteur. Dans le même temps, avec la CCOBB nous avons favorisé l'implantation d'un constructeur de maisons bois qui se rattachait à un groupe allemand, mais les porteurs du projet ont malheureusement été victimes d'un intermédiaire escroc. Ces accidents de la vie ne signifient pas que les initiatives que la mairie a prises n'auront pas d'effet tôt ou tard. Les terrains pour les constructions bois sont toujours à vendre...
J'ai demandé en 2011 au Conseil des sages de la commune de faire toute recommandation pour un plus grand usage du bois sur le territoire communal.
J'ai fait réaliser une préétude
de faisabilité par Atlanbois qui a été présentée
aux élus municipaux et aux élus de la communauté
de communes. J'ai fait venir les responsables de Belipa à la
CCOBB pour présenter les possibilités de cogénération
(production d'électricité) et de réseau de
chaleur.
Très hésitants et en
attente d'études complémentaires, les élus n'ont
pas eu à se prononcer officiellement (certains sont toujours
frileux face à l'inconnu). Certes, ce n'est pas le réseau
de chaleur qui aurait pu équilibrer les comptes de la société
Belipa (400 000 euros de pertes dans le dernier mois de plein exercice), une vraiment grosse entreprise pour notre département
(plus de 300 salariés autrefois). Mais désormais, dans le cas d'une
reconversion progressive, d'une reprise des activités par
différentes entités, le réseau de chaleur
pourrait être un élément positif.
A présent, il faudrait envoyer
des signaux politiques. Je souhaiterais que le conseil communautaire
vote sur le principe du raccordement de la piscine et du soutien au
projet de réseau de chaleur sur la ville où se trouve
les principaux équipements administratifs du territoire
(collège, accueil périscolaire, locaux enfance
jeunesse, piscine). Que la Communauté s'engage à être
cliente partenaire du réseau de chaleur, si celui-ci venait à
se monter sur le parcours des bâtiments publics communautaires.
Pareillement, nous devons nous positionner rapidement pour le déploiement de la fibre optique à partir du centre ville d'Ecommoy en direction la zone de l'A28,
déploiement qui passe devant la Belipa et permettra de rendre
le site encore plus attractif. L'étude financière pour
la réalisation de l'extension de la fibre optique depuis le
central de La Poste vers la zone de l'échangeur est en cours. Les sites comme Belipa se trouvant sur le parcours
de la fibre pourront s'y raccorder
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