mercredi 31 octobre 2012

Fin de la BELIPA : un sentiment de gâchis dans un contexte économique particulièrement néfaste




Voilà, le tribunal de commerce a rendu sa sentence, sans avoir épargné une attente atroce, et presque humiliante, aux salariés de Belipa, venus nombreux et dans le calme au Rendez-vous judiciaire d'hier.
Quelle est donc cette justice qui a peur de rendre son verdict parce que le peuple est présent ? Les salariés de la Belipa sont des gens bien élevés. La police elle-même n'a pas compris ce report du verdict, étant donné le comportement exemplaire des travailleurs du Belinois, accompagnés de leurs élus locaux. Les Belipa n'ont jamais fait grève en 26 ans (une seule fois très peu de temps en 2010). Ils n'ont jamais cassé, jamais perturbé leurs concitoyens, malgré leur douleur.
Mais peut-être que ce qui freinait les juges à rendre le jugement en présence des salariés, c'est qu'il y avait de quoi avoir beaucoup de colère.

La liquidation de la Belipa serait, d'après les salariés relayés par tous les médias, le résultat d'une accumulation d'erreurs dans un contexte économique international qui ne pardonne rien. Mais au fond, le site de la Belipa possède un potentiel énorme. Un cadre de l'usine m'a dit ce matin « c'est impossible qu'un outil industriel comme ça ne gagne pas d'argent »... Le gâchis est donc le mot qui revient le plus souvent à la bouche lorsqu'on échange avec les salariés.

Mais, la colère, il vaut mieux la transformer en énergie pour rebondir car le site le permet, et parce que face à autant de dignité et de professionnalisme, il est certain que les pouvoirs publics auront envie de faire le maximum. Il est hautement probable que des projets voient le jour pour utiliser à nouveau tout ou partie du site.

Il faudra peut-être restructurer encore davantage. Il faudra mieux coordonner les initiatives privées et publiques que par le passé. Dans la filière bois, je pense que c'est plus indispensable qu'ailleurs, car les collectivités locales sont particulièrement clientes des projets innovants que ce matériau permet.
Tout cela, j'en ai eu conscience dès le début de mon mandat. La Belipa avait déjà engagé dès 2007 un changement de stratégie qui conduisait à produire des gros volumes. La construction de la très onéreuse chaufferie d'une capacité phénoménale était difficilement compréhensible vue de l'extérieur. J'ai alors fait tout ce que j'ai pu afin que la charge de cette chaufferie ne soit pas uniquement supportée en pure perte par l'entreprise.

En 2008, le projet retenu pour la construction de la piscine communautaire prévoyait une chaufferie bois qui aurait fait double usage avec la chaufferie déjà présente désormais sur la commune. C'est moi qui ait fait en sorte que cette option d'une chaufferie bois à la piscine soit abandonnée, et qu'ainsi la faisabilité d'un raccordement à un réseau de chaleur extérieur soit préservée. Il faut penser que la multiplication des chaufferies bois dans un même secteur augmente la demande et par conséquent le coût du bois pour les entreprises qui dépendent de cette ressource.

En 2009, j'ai pesé de tous mes arguments pour ouvrir à la construction 5 hectares de maisons bois pour une résidence sénior à Ecommoy. Les dirigeants de Belipa suivaient de très près cette initiative, qui a malheureusement été stoppée par la crise, par le décès de son promoteur. Dans le même temps, avec la CCOBB nous avons favorisé l'implantation d'un constructeur de maisons bois qui se rattachait à un groupe allemand, mais les porteurs du projet ont malheureusement été victimes d'un intermédiaire escroc. Ces accidents de la vie ne signifient pas que les initiatives que la mairie a prises n'auront pas d'effet tôt ou tard. Les terrains pour les constructions bois sont toujours à vendre...
J'ai demandé en 2011 au Conseil des sages de la commune de faire toute recommandation pour un plus grand usage du bois sur le territoire communal.

J'ai fait réaliser une préétude de faisabilité par Atlanbois qui a été présentée aux élus municipaux et aux élus de la communauté de communes. J'ai fait venir les responsables de Belipa à la CCOBB pour présenter les possibilités de cogénération (production d'électricité) et de réseau de chaleur.

Très hésitants et en attente d'études complémentaires, les élus n'ont pas eu à se prononcer officiellement (certains sont toujours frileux face à l'inconnu). Certes, ce n'est pas le réseau de chaleur qui aurait pu équilibrer les comptes de la société Belipa (400 000 euros de pertes dans le dernier mois de plein exercice), une vraiment grosse entreprise pour notre département (plus de 300 salariés autrefois). Mais désormais, dans le cas d'une reconversion progressive, d'une reprise des activités par différentes entités, le réseau de chaleur pourrait être un élément positif.
A présent, il faudrait envoyer des signaux politiques. Je souhaiterais que le conseil communautaire vote sur le principe du raccordement de la piscine et du soutien au projet de réseau de chaleur sur la ville où se trouve les principaux équipements administratifs du territoire (collège, accueil périscolaire, locaux enfance jeunesse, piscine). Que la Communauté s'engage à être cliente partenaire du réseau de chaleur, si celui-ci venait à se monter sur le parcours des bâtiments publics communautaires.

Pareillement, nous devons nous positionner rapidement pour le déploiement de la fibre optique à partir du centre ville d'Ecommoy en direction la zone de l'A28, déploiement qui passe devant la Belipa et permettra de rendre le site encore plus attractif. L'étude financière pour la réalisation de l'extension de la fibre optique depuis le central de La Poste vers la zone de l'échangeur est en cours. Les sites comme Belipa se trouvant sur le parcours de la fibre pourront s'y raccorder

Il faut vraiment faire de notre mieux, même si l'économie est actuellement en pleine tempête.


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